Un vrai champion
Je prends mon café en écoutant la radio. La journaliste interroge Denis Van Weynbergh, le dernier concurrent du Vendée Globe, arrivé hors délais après 118 jours de mer, épuisé, mais heureux. Il accueille la jeune femme sur son bateau.
– Asseyez-vous sur le truc qui sert à régler la voilure, propose aimablement le champion belge.
– Le winch, précise la journaliste, légèrement inquiète.
– Ouaip, le winch, acquiesce M. Van Weynbergh, débonnaire. Donc, j’ai perdu la corde qui retenait la grand-voile à hauteur des Açores.
– La drisse, corrige la journaliste, de plus en plus inquiète.
– Ouaip, la drisse.
M. Van Weynbergh est un dernier, mais certainement pas un perdant. Quel champion ! Tous les voileux se souviendront de ce dernier-là qui, de fatigue, a perdu son vocabulaire, mais certainement pas l’honneur de s’être battu jusqu’au bout !
Aux échecs, c’est la même chose. Il faut se battre jusqu’au bout. Contre l’ASPOM, ce dimanche, la défaite a été parfois au rendez-vous pour les joueurs de Créon 5, mais personne n’a abdiqué. Quelques exemples :
À l’échiquier 5, Baptiste a joué sa première partie en Régionale. Il a joué un gambit audacieux, qui malheureusement a échoué. Mais, courage, Baptiste ! Tu t’es bien battu, et tu as donné du fil à retordre à ton adversaire !
À l’échiquier 4, Mattheo a affronté une Défense française. Eh bien, pour son premier match en Régionale (lui aussi !), Mattheo a bien résisté. Mais les échanges se sont faits au détriment de sa structure de pions. Et son roi a vite manqué d’abri sûr.
À l’échiquier 3, Samuel a bien répondu à un Système de Londres, et sa défense était astucieuse. Son début de partie, impeccable, a été mal récompensé.
À l’échiquier 2, Eliotte a fait lui aussi un début de partie à la fois classique et malin. De nous tous, il est celui qui a combattu le plus longtemps. Sa défaite a tenu à peu de choses.
Enfin, à l’échiquier 1, la Sicilienne que j’avais pourtant peaufinée ne m’a apporté qu’un match nul. Bon, ça ira mieux demain.
En guise de conclusion, j’invite le lecteur à imaginer l’interview de Wesley, l’inventeur de la Pseudo-Rossolimo, au lendemain du Tournoi des Candidats, qu’il disputera certainement très vite :
– Donc, après e4, j’ai joué c5, une… cette île au sud de l’Italie ?
– La Sicile ?
– Ouaip, une Sicilienne. Et là, il faut vite sortir… euh,la pièce qui va en diagonale ?
– Le Fou ?
– Ouaip.
À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !
Jean-Michel Labourdique