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Avec du Tai Chi

Avec du Tai Chi

« Avec du Tai-chi et une bonne respiration, affirme Christophe, tu joues tout de suite mieux. »

J’ai pensé ça juste avant la ronde 1 en m’asseyant devant Christophe. J’ai descendu mes omoplates, gonflé mes poumons, posé mes paumes à plat sur la table, en écartant bien les doigts, et j’ai regardé Christophe en souriant.

Eh bien, Christophe, ça ne marche pas !
« Tu as bien joué », a dit Christophe, après avoir pulvérisé mon Système Botvinnik.
« Oui, mais pas très longtemps », ai-je répondu.

Dehors, quand j’ai demandé à Jean-Philippe à quoi il attribuait sa première défaite, il a dit, laconiquement : « à Wesley. »

À la ronde 2, Maxime est arrivé en finale Cavalier-Fou contre Cavalier, puis il a perdu son Fou sur une fourchette, mais a fini par gagner la partie. Bravo !

À la ronde 3, j’ai réussi à faire nulle contre Fabrice, qui avait 3 pions pour la pièce. Luther a joué la Sicilienne, Ulysse l’Écossaise, sans succès.

À la ronde 4, j’ai encore une fois perdu devant la pseudo-Rossolimo de Wesley. Luther a rapidement fait jouer toutes ses pièces et a réussi un très beau mat. Jean-Philippe s’est vite retrouvé en mauvaise posture, avec des pions isolés doublés et un roi au centre. Mais, après l’échange des Dames, sa structure de pions s’est révélée très bonne, et son roi hyperactif.

Après un repas au sandwich-ventrèche très sympa, la ronde 5 a débuté. Maxime a rapidement gagné, après avoir sacrifié un pion du centre pour avoir l’activité. Je suis alors parti à la buvette. Marie-Angélique a confié à la presse une plainte unanime, il fallait faire des kilomètres à pied dans les caves pour chercher les bouteilles de soda. « On a fait la même critique au tournoi d’octobre, rien n’a changé, le patronat reste indifférent à nos revendications », a ajouté Barbara, fort mécontente.

Après la ronde 6, j’ai voulu connaître le point de vue des papas. « C’est chaud pour les gamins, le niveau est relevé, c’est un bon entraînement pour les Championnats d’Aquitaine Individuels Jeunes qui auront lieu à Saint-Macaire », a dit Arnaud. Stéphane a dit la même chose.

Enfin, après la ronde 7, j’ai dit à Wesley que le personnel de la buvette m’avait fait part de ses récriminations. Wesley a dit que ouais, c’était vrai, c’était Germinal, mais en pire.

À demain, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !

Jean-Michel Labourdique

Coupe de Gironde – Phase qualificative – 15/02/2025 à Blésignac :

Fiche du tournoiClassementGrille américaine

Coupe de Gironde – Phase finale – 16/02/2025 à Blésignac :

Tableau des résultats

Hyperbole et litote

Hyperbole et litote

L’hyperbole est la figure de rhétorique qui consiste à dire beaucoup pour faire comprendre un peu. « Je vais t’exploser ton cartable », dit un gamin de CM1, en shootant dans un sac dans la cour de récré.
Les jeunes s’expriment par hyperboles.

Les litotes, c’est le contraire. On dit un peu, mais pour décrire beaucoup. « Lefuneste, vous me permettrez de témoigner un certain agacement », déclare Achille Talon, en défonçant le crâne de son voisin Lefuneste à coups de hache.
Les vieux s’expriment par litotes. Quand Chimène dit à Rodrigue : « Va, je ne te hais point », au lieu de lui dire : « Je t’aime », c’est un truc de vieux.

Aux échecs, c’est la même chose. Les futurs Carlsen jouent comme les héros de mangas parlent. C’est flamboyant.

Quand ils se rendent compte que moi, avec mes coups prophylactiques, je suis dans la litote, tendance Achille Talon, ils ouvrent, de l’autre côté de l’échiquier, les mêmes yeux démesurés et scandalisés que les héros des BD japonaises.

Eux, c’est tout pour l’attaque.

Alors que moi, je commence à ressembler à Achille Talon : Embonpoint, calvitie, et, comme la vieillesse enseigne la méfiance, jeu positionnel. Mon Roi est un pantouflard à l’abri de l’EHPAD de ses pions ou un dictateur enfoui sous son bunker. En tous cas, ce n’est pas brillant. Cette prudence scandalise. En plus, elle est inefficace, car il est beaucoup plus difficile de défendre que d’attaquer.

Bref, les vieux n’ont pas la cote. Leur jeu est ennuyeux. Leurs litotes ne font plus peur aux jeunes. Quand don Corleone dit sa fameuse litote : « Aldo, je vais te faire une offre que tu ne pourras pas refuser », désormais tout le monde rigole, et don Corleone finit percé de balles, comme mon pauvre Roi à la fin de la partie.

« Tu as déjà pris un risque dans ta vie, Jean-Michel ? » me dit parfois un futur Carlsen, apitoyé. Je lui répond : « Ouaip, le jour où j’ai pris un livret de Caisse d’Epargne.

A bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !

Jean-Michel Labourdique

Les Divergents

Les Divergents

Amédée Domenech, célèbre pilier de l’équipe de France de rugby des années 50, classait les joueurs en deux catégories : ceux qui déménagent les pianos (les avants) et ceux qui en jouent (les trois-quarts). Ernest Hemingway, lui, classait les toreros en deux camps antagonistes : les « cyniques », qui se considèrent comme des professionnels du spectacle, et les « dévots », qui se voient comme des artistes.

Dans ce monde bizarre, où la mode internationale est d’enfermer les gens dans des petites cases, certains joueurs d’échecs ne font pas exception. Déjà, en son temps, Bobby Fischer avait proposé un classement simple : d’un côté les poules mouillées qui jouent 1.d4, et de l’autre côté les vrais joueurs. Mais Fischer, comme la plupart des génies, a dit beaucoup de bêtises.

Je crois que les joueurs d’échecs sont des Divergents. Je fais là un clin d’œil aux jeunes du club, qui aiment la même science-fiction que moi et qui ont lu la trilogie de Veronica Roth ou vu son adaptation au cinéma. Comme mademoiselle Prior dans le film, les vrais joueurs ne rentrent dans aucune case.

Paisibles joueurs d’Anglaise (comme Emma quand elle a les Blancs), ils deviennent des inconditionnels de l’attaque dans la Sicilienne (comme Emma quand elle a les Noirs). Positionnels quand ils jouent contre des tacticiens (comme Wesley, l’auteur de la pseudo-Rossolimo), ils deviennent tacticiens quand ils jouent contre des positionnels (quand Wesley affronte l’Anglaise d’Emma, par exemple).

Certains, iconoclastes et révolutionnaires comme pouvait l’être Fischer, leur Dieu, s’assagissent, achètent des cravates sobres et passent les concours d’arbitres de la FFE. Etc, etc, etc. Tous des êtres humains parfaits, inclassables, capables de faire un joyeux pied-de-nez aux algorithmes bêtes.

En conclusion, quelques vers d’un poème de Juan Goytisolo :

Erase una vez
Un lobito bueno
Al que maltrataban
Todos los corderos.
Y habia también
Un principe malo
Una bruja hermosa
Y un pirate honrado.

(Il était une fois un gentil loup torturé par tous les agneaux. Il y avait aussi un prince méchant, une chouette sorcière et un pirate honorable.)

Vive les Divergents !

A bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !

Jean-Michel Labourdique

Un gorille dans les chiqueros

Un gorille dans les chiqueros

C’est un dessin de Chaval (1915-1968), réjouissant et absurde. Des banderilleros et des matadors épouvantés prennent la fuite, coudes au corps : ce n’est pas un taureau de combat qui est sorti du toril, mais un impressionnant gorille.

Aux échecs, la même épouvante saisit parfois le joueur émotif, quand l’adversaire fait jaillir sur l’échiquier un monstre bizarre inconnu au bataillon des ouvertures.

Que dire de la pseudo-Rossolimo ?

À la fin du règne de Louis XIV, un botaniste au nom prédestiné, M. Frézier, croisa avec les fraises de Virginie du potager de Versailles, minuscules mais délicieuses, quelques grosses fraises chiliennes insipides. Il en résulta un hybride énorme et succulent, dont nous mangeons aujourd’hui les descendants.

Wesley a réussi une hybridation à la Frézier, en croisant la Rossolimo à l’Attaque Grand Prix, écrasant ainsi dans l’œuf les Siciliennes adverses. Et ça marche ! C’est la pseudo-Rossolimo, qui transforme le venin de la Najdorf en lait en poudre.

En croisant un peu de Sicilienne et un peu d’Ouest-Indienne, j’ai essayé moi aussi une hybridation-miracle face à la pseudo-Rossolimo. Mais cette tentative de croisement fécond devait moins à Frézier qu’à Pierre Dac, qui affirmait qu’en mariant un loup avec un phoque, on obtenait un loup-phoque. Ce fut un échec.

– Mais non, a dit Wesley, toujours positif. Elle se joue, ta position !

– Bof, j’ai dit.

– Elle se joue, je peux faire un cours là-dessus, a-t-il dit, du ton qu’emploie Philippe de Nevers quand il propose au Chevalier de Lagardère : « Si vous avez cinq minutes, je vous enseigne les secrets de ma botte ». OK, Wesley.

À bientôt, les futurs Carlsen ! Mangez des pâtes !

Jean-Michel Labourdique

Régionale Ronde 2

Régionale Ronde 2

Capitaine Jean-Michel Labourdique raconte:

Tout le monde a gagné, sauf le capitaine!

Mais ma défaite est anecdotique! Les jeunes se sont bien battus. Leurs parties étaient belles, parfois très disputées, et la Tagliatelle d’Or sera difficile à décerner!

A l’échiquier 2, Guillaume s’est lancé dans son début traditionnel du pion Dame. Il a su mieux utiliser ses pions en finale que son adversaire, et aller à dame avant lui… Bravo! Ce n’était pas gagné!

A l’échiquier 3, Guillaume Bancharel a proposé une Italienne aux noirs, qui n’avait rien d’un « giocco piano ». Le jeu était très offensif de part et d’autre; un coup imprécis, c’était la catastrophe. Mais Guillaume a su obliger les noirs à un échange malin, dont il est sorti avec un fou de plus. Après, il a mené une lutte d’usure qui a abouti au 89ème coup.

A l’échiquier 4, Léo a proposé un début Reti. Le ballet de son fou en fin de partie pour dévier ou anihiler le fou adverse, puis pousser son pion à dame, lui vaut une sérieuse option pour la Tagliatelle d’Or.

Enfin à l’échiquier 5, Faustin affrontait Fabienne Tracol, la capitaine de Libourne. Il a su entrer en finale avec 3 pions de plus que son adversaire, et la pousser à l’abandon.

Alors, bravo les jeunes! Je suis fier de vous!

Régionale Ronde 1

Régionale Ronde 1

Capitaine Jean-Michel Labourdique raconte:

Amis de la défense sicilienne, bonjour!

Quelle ronde! Quelles parties! Merci à nos camarades de Pujols d’avoir été de si valeureux adversaires, mais surtout merci à eux pour avoir, grâce à leur sportivité et leur gentillesse, encore augmenté chez nos jeunes l’amour de ce sport magnifique.

Et merci aussi à l’arbitre, Faustin Gorny, qui nous a prouvé que l’autorité, comme le talent, n’attend pas le nombre des années!

A l’échiquier 5, notre arbitre-joueur, avec les blancs, a dû affronter une défense française avec deux fous noirs surexcités. Faustin ne s’est pas découragé, mais les fous de son adversaire (elo 1208) étaient vraiment déchaînés.

A l’échiquier 4, Emma , toujours offensive, a déclenché une sicilienne très agressive. Mais une étourderie au 9ème coup l’a obligée à donner la qualité. Malgré ça, elle a bien failli gagner! (tu regarderas 9…Fe5, Emma). Le capitaine adverse ne tarissait pas d’éloges sur son jeu, une fois les parties finies.

A l’ échiquier 3, c’était le baptême du feu pour Guillaume Bancharel, qui jouait pour la 1ère fois en régionale. Une erreur au 4ème coup (Fd3 paralyse ton pion qui ne peut plus aller au centre, Guillaume) l’a privé de la victoire, contre un elo 1423.

A l’échiquier 2, Guillaume Bautrait avec les noirs a fait une très belle partie contre Stéphane Incardona, le capitaine de Pujols. Un gambit du pion dame refusé. Guillaume a tissé plusieurs réseaux de mat, mais Stéphane (elo 1377) a réussi à s’échapper par des trous de souris avant de porter l’estocade.

A l’échiquier 1, j’ai joué une partie anglaise très défensive. Nulle par répétition de coups.

Alors, les champions, félicitations pour votre tenue, votre imagination sur l’échiquier, et aussi votre courage dans l’adversité. En conclusion, je ferai 3 remarques:

a) Ne jetez pas vos feuilles de parties! Montrez-les au plus vite à Nicolas, qui se fera un plaisir de les analyser.

b) J’attendrai l’avis de Nicolas avant de décerner la Tagliatelle d’Or à la partie la plus remarquable, même si, à mon avis, Emma et Guillaume tiennent la corde.

c) Prochaine ronde à Libourne le 17 novembre. Je ferai l’équipe selon vos disponibilités, tout en sachant qu’il faudra évidemment intégrer de nouveaux joueurs (Léo, Liam peut-être, Luther…)

A bientôt les futurs Carlsen! Mangez des pâtes!

JMichel